mercredi 8 août 2018

Ce n'est pas le Tarot qui répond aux questions !


Ce livre que semble te montrer la Papesse n'est pas à apprendre par cœur. C'est le livre de la Vie. Il est là pour t'inspirer par pour te réduire !


J’avais lu un livre de Georges Colleuil (« Tarot l’Enchanteur ») il y a quelques années sans qu’à l’époque son contenu ne vienne résonner avec ce qui m’animait alors concernant le Tarot. Pour trouver sa voie, en toute chose, il faut parfois savoir fermer les portes du ciel pour n’entendre que son propre murmure… Et puis, au hasard de mon déménagement récent, le remettant sur l’étagère au sortir d’un carton, je l’ai mis de côté pour y revenir. Et bien sûr, si je ne partage pas tout bien sûr, il y a dedans des choses très intéressantes.

Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ce qui, dans un livre, vient bouger quelque chose en nous de vraiment profond, n’est souvent pas le livre lui-même dans son ensemble, mais en fait juste une ou deux phrases qui, comme par inadvertance, viennent frapper notre esprit, et par là-même mettre en circulation quelque chose de nouveau et d’important.

Ainsi cet après-midi où prenant le livre au sortir d’une micro-sieste, je tombe sur ce passage :

« Beaucoup d’idées reçues circulent sur le Tarot. Selon l’une d’elles le Tarot répondrait aux questions qu’on lui pose. Je ne crois qu’il faille l’aborder ainsi. Plutôt que de répondre aux questions qu’on lui pose, le Tarot met des questions là où l’on croyait avoir des réponses. Il ne contient pas un savoir figé qui serait enfermé, ici et là dans ses petites images cartonnées, mais il interroge le savoir que nous avons emprisonné dans nos grandes cervelles intelligentes. C’est dans ce sens que l’on peut dire que le Tarot est philosophe, qu’il est un maître authentique : il ne transmet pas un savoir, mais il interroge celui que nous portons en nous. »

Quand je comprends quelque chose d’important, je ressens tout un ensemble de signaux tant psychiques que corporels qui s’activent en moi. Comme une sorte de warning trompetant qui dit : « attention, ne rate pas ça ! ».

Parce que cette idée-là je tournais autour depuis un moment, surtout quand j’essayais d’expliquer le type de Tarot que je pratique (en fait un tarologue comme moi passe plus de temps à expliquer qu’il ne fait pas de divination et pourquoi qu’à expliquer ce qu’il fait vraiment). Et puis travaillant autour de ce concept de « Tarot chamanique » (ou « intuitif »), je sentais bien que quelque chose se passait pendant les consultations pour laquelle je n’avais pas encore tous les mots.

Parce que oui, une séance de Tarot est un travail collectif dans lequel sont impliqués nombre d’acteurs : la tarologue, le consultant, le Tarot et -si l’on en accepte le principe- un champ d’informations trans personnel (que certains appellent aussi « esprits »). A chacun de faire sa part de travail, le tarologue étant en quelque sort le garant du processus. Et finalement oui, le but d’une consultation n’est pas d’apporter des réponses toutes faites au consultant, car elles seraient alors inopérantes, mais bien d’activer chez lui une intelligence particulière de laquelle il peut être un peu / beaucoup coupé. Grand nombre de tarologues peuvent témoigner du fait que souvent la personne qui consulte sait au fond d’elle-même très bien ce qu’elle a à faire, et qu’elle a juste besoin de se l’entendre dire !

Comme je l’ai déjà développé moultes fois, les arcanes du Tarot sont des archétypes qui parlent le langage de la psyché et même de l’âme. Ils sont des processus psychiques et spirituels qui sont avant tout optiques en ce sens que ce sont des images. Et même si il est souhaitable bien sûr que le tarologue parle , en tant que tel, les arcanes ne parlent pas mais se contentent de montrer ; court-circuitant ainsi notre routine psychique et le plus souvent discursive.

J’ai longtemps eu du mal (même si je fais aussi des consultations dans les cafés très peu formalisées) à assumer l’aspect ritualisé des mes consultations (le tambour et leur déroulement très structuré). Mais je pense que c’est justement pour cela qu’elles peuvent être opérantes, car comme je l’ai également souvent écrit, la psyché humaine fonctionne par rituel et par symbole bien plus que par raisonnement cartésien.

Ainsi, le rôle d’une consultation de Tarot n’est pas que le tarologue s’arroge un pouvoir en indiquant au consultant ce qu’il doit faire (ou pire : ce qui va lui arriver !), mais bien de redonner un pouvoir à ce dernier en remobilisant en lui des ressources et des capacités de compréhension desquelles il était coupé pour quelque raison que ce soit. Le tarologue est comme un défricheur : travaillant avec le Tarot, il débroussaille, il éclaire, il propose des chemins, il balise les culs de sac pour que le consultant puisse in fine définir un nouvel itinéraire en toute conscience et surtout retrouver la connexion avec ce "savoir" dont parle Colleuil et que chacun porte en soi … 

J’aime cette idée que certaines formes de l’activité humaine (pour moi ce furent les contes, le Tarot et les pratique dites « chamaniques », mais il y en a bien d’autres !) viennent en quelque sorte réveiller une intelligence très ancienne qui en nous s’est assoupie alors qu’elle nous est absolument vitale et que nous en sommes les dépositaires le plus souvent ignorants.

Une consultation de Tarot est donc un processus collectif grâce auquel le consultant -en ayant la possibilité de se connecter à sa part la plus féconde- effectuera par lui-même un cheminement au cours duquel il va co-élaborer ses propres réponses en fonction de ses besoins faisant ainsi émerger un « nouveau » auquel il n’aurait pas toujours spontanément pensé. Que pour différentes raisons, il refuse de porter cette part qui lui revient, se mettant dans une position d’attente d’une vérité « révélée » et alors la consultation ne fonctionnera pas. De la même façon, dans mon expérience en tout cas, le Tarot n’est pas vraiment adapté à des personnes ayant vraiment perdu tout repère et dont les capacités psychiques sont très altérées. D’autres outils alors doivent leur être proposés...

lundi 30 juillet 2018

Quand survient l'Arcane sans nom




Lorsqu’un changement ou un imprévu désagréables surgissent (ici l’Arcane sans nom), on ne peut faire autrement que de tenter de les intégrer. Pleinement. Car aller contre l’inéluctable revient à vouloir vider la mer avec une cuillère.

Viennent dans les premiers instants et une fois la paralysie du choc initial passée, les réponses fonctionnelles : prendre les dispositions qui s’imposent, réorganiser sa vie comme cela s’avère nécessaire. Nous devons aller mobiliser notre créativité et notre réactivité (le Bateleur) tout en tentant de nous ancrer dans ce que nous avons de plus stable et de plus sûr (ici l’Empereur).

Voyant débouler l’imprévu comme un torrent de montagne entrant dans notre cuisine, notre première réaction est la peur. Peur de ne pas trouver les bonnes réponses, peur de la précarité, de nos fragilités, de notre solitude, de la maladie, de la mort… Nous en avons tellement des peurs ! Et bien sûr qu’il nous revient de ne pas nous laisser paralyser par elles. Mais au-delà de la peur, il y a autre chose. C’est qu’en ces moments de mise à mal, il y a une chose à laquelle nous ne pensons pas immédiatement ; c’est que cette intrusion de l’imprévu et de l’incertitude ouvre alors le champ à de nouveaux possibles. C’est une des lois du vivant : le nouveau vient de l’entropie. En prendre conscience, c’est pouvoir commencer à développer l’idée qu’il pourrait être intéressant de chercher ces nouveaux possibles plutôt que de s’arrêter au désastre étalé sous nos yeux. Ainsi, une rupture amoureuse peut être l’occasion de comprendre des choses de soi, ou bien encore de rencontrer une autre personne. Un licenciement peut être l’occasion de renouer avec soi ou de s’orienter vers d’autres horizons, et ainsi de suite… En chaque contrariété et empêchement reposent à la fois, et un troll, et un nouveau potentiel inconnu. Il est difficile à voir parce que souvent bien caché et différé dans le temps. Il convient juste alors se mettre en état de disponibilité et de bien débloquer les verrous pour que lorsqu'il se pointera la porte puisse s’ouvrir.

« Différé dans le temps », disais-je. Et c’est là l’autre point important. Face à des chocs conséquents, une fois passées les dispositions à prendre d’urgence, notre psyché a besoin de temps pour se recomposer face à cette nouvelle donne. Et parfois même de beaucoup de temps. Ce temps-là est parfois plus difficile à traverser que le choc de l’épreuve elle-même, parce que nous voudrions que tout cela se résolve au plus vite et parce qu’entre ces deux points-là -le choc et sa résolution psychique- nous sommes en quelque sorte vides de nous-mêmes, en partie dépossédés d’un pouvoir qui nous semble perdu. Or, la psyché a besoin de ces marées basses, elle a besoin de ces temps de vide. C’est pour cela que l’Arcane sans nom avance sur une terre noire d’hiver. La psyché fonctionne en général à notre insu. Elle fournit tout un travail souterrain qui ne nous vient à la conscience qu’une fois une bonne partie du processus achevé. Ainsi, derrière ces moments d’attente, de rien, et parfois même d’impuissance, reposent une puissance en devenir, un processus qui a la force du vivant et qui nous permet de rebondir presque comme neuf quand le temps est venu. Juste alors devons-nous avoir recours à une chose merveilleuse qui sans doute se cultive mais sans que personne n’en ait jamais eu la recette parfaite : la confiance...

Accepter ses peurs, voir le renouveau en germe parfois même au cœur de la désolation, faire confiance au lent processus de régénération de sa psyché après le choc et en accepter parfois la lenteur. Alors les catastrophes peuvent devenir des alliées dont nous utilisons la force de transformation à notre profit plutôt de les laisser nous détruire.

Et puisque le Tarot est une structure merveilleuse, faisons la translation numérique du tirage dont il est question ici : 13 + 1 + 4 = 18. Soit la Lune. Soit ce travail invisible et souterrain de la psyché dont il est question plus haut !