lundi 30 juillet 2018

Quand survient l'Arcane sans nom




Lorsqu’un changement ou un imprévu désagréables surgissent (ici l’Arcane sans nom), on ne peut faire autrement que de tenter de les intégrer. Pleinement. Car aller contre l’inéluctable revient à vouloir vider la mer avec une cuillère.

Viennent dans les premiers instants et une fois la paralysie du choc initial passée, les réponses fonctionnelles : prendre les dispositions qui s’imposent, réorganiser sa vie comme cela s’avère nécessaire. Nous devons aller mobiliser notre créativité et notre réactivité (le Bateleur) tout en tentant de nous ancrer dans ce que nous avons de plus stable et de plus sûr (ici l’Empereur).

Voyant débouler l’imprévu comme un torrent de montagne entrant dans notre cuisine, notre première réaction est la peur. Peur de ne pas trouver les bonnes réponses, peur de la précarité, de nos fragilités, de notre solitude, de la maladie, de la mort… Nous en avons tellement des peurs ! Et bien sûr qu’il nous revient de ne pas nous laisser paralyser par elles. Mais au-delà de la peur, il y a autre chose. C’est qu’en ces moments de mise à mal, il y a une chose à laquelle nous ne pensons pas immédiatement ; c’est que cette intrusion de l’imprévu et de l’incertitude ouvre alors le champ à de nouveaux possibles. C’est une des lois du vivant : le nouveau vient de l’entropie. En prendre conscience, c’est pouvoir commencer à développer l’idée qu’il pourrait être intéressant de chercher ces nouveaux possibles plutôt que de s’arrêter au désastre étalé sous nos yeux. Ainsi, une rupture amoureuse peut être l’occasion de comprendre des choses de soi, ou bien encore de rencontrer une autre personne. Un licenciement peut être l’occasion de renouer avec soi ou de s’orienter vers d’autres horizons, et ainsi de suite… En chaque contrariété et empêchement reposent à la fois, et un troll, et un nouveau potentiel inconnu. Il est difficile à voir parce que souvent bien caché et différé dans le temps. Il convient juste alors se mettre en état de disponibilité et de bien débloquer les verrous pour que lorsqu'il se pointera la porte puisse s’ouvrir.

« Différé dans le temps », disais-je. Et c’est là l’autre point important. Face à des chocs conséquents, une fois passées les dispositions à prendre d’urgence, notre psyché a besoin de temps pour se recomposer face à cette nouvelle donne. Et parfois même de beaucoup de temps. Ce temps-là est parfois plus difficile à traverser que le choc de l’épreuve elle-même, parce que nous voudrions que tout cela se résolve au plus vite et parce qu’entre ces deux points-là -le choc et sa résolution psychique- nous sommes en quelque sorte vides de nous-mêmes, en partie dépossédés d’un pouvoir qui nous semble perdu. Or, la psyché a besoin de ces marées basses, elle a besoin de ces temps de vide. C’est pour cela que l’Arcane sans nom avance sur une terre noire d’hiver. La psyché fonctionne en général à notre insu. Elle fournit tout un travail souterrain qui ne nous vient à la conscience qu’une fois une bonne partie du processus achevé. Ainsi, derrière ces moments d’attente, de rien, et parfois même d’impuissance, reposent une puissance en devenir, un processus qui a la force du vivant et qui nous permet de rebondir presque comme neuf quand le temps est venu. Juste alors devons-nous avoir recours à une chose merveilleuse qui sans doute se cultive mais sans que personne n’en ait jamais eu la recette parfaite : la confiance...

Accepter ses peurs, voir le renouveau en germe parfois même au cœur de la désolation, faire confiance au lent processus de régénération de sa psyché après le choc et en accepter parfois la lenteur. Alors les catastrophes peuvent devenir des alliées dont nous utilisons la force de transformation à notre profit plutôt de les laisser nous détruire.

Et puisque le Tarot est une structure merveilleuse, faisons la translation numérique du tirage dont il est question ici : 13 + 1 + 4 = 18. Soit la Lune. Soit ce travail invisible et souterrain de la psyché dont il est question plus haut !